Témoignage d'entrepreneuse : Caroline, wedding planner
Agape, c’est le nom de ton entreprise. Tu nous en dis plus ?
Agape, c’est une bien plus qu’une agence de création de mariage, c’est un accompagnement complet dans la préparation d’une union.
Je suis donc Caroline, officiante de cérémonie laïque de mariage et wedding planner et j’ai commencé ici, chez Crédal… Contrairement à d’autres organisatrices de mariage, travailler dans ce secteur n’était pas mon rêve de petite fille. J’ai lancé Agape en réalisant le manque qui existait dans ce secteur d’activité. Je l’ai vécu lors de ma propre expérience : je n’ai pas trouvé d’offre existante qui répondait à mon besoin lors de l’organisation de mon mariage.
Agape, c’est aussi le démarrage d’une nouvelle vie pour moi.

Par où as-tu commencé ?
C’est ma sœur qui, étant active dans le domaine de l’aide à la création d’entreprise, a commencé par me poser des questions sur mon idée. Et bien entendu, je n’avais que très peu de réponse à lui apporter : qui sont mes clients cibles ? Quelle est ma plus-value ? etc. J’ai donc décidé de me faire accompagner.
Je suis arrivée chez Crédal avec la seule idée de me lancer en tant qu’officiante (aujourd’hui, mon projet est bien plus large que cela). Je n’avais encore ni nom de projet, ni client, ni idée de par où démarrer mon étude de marché. Et puis les choses se sont enchaînées assez vite. J'ai réalisé que ce que j’aimais dans mon ancien job, c’était aussi le travail d’équipe. J’ai alors décidé d’élargir mon offre de services avec la partie Wedding planner qui permet de rassembler d’autres prestataires et de créer un réseau.
J’ai démarré mon étude de marché et j’ai découvert un secteur avec énormément d’entraide. J’ai simplement commencé par envoyer des messages Instagram à des personnes déjà officiantes et j’en ai rencontré plusieurs.
Au début, je marchais un peu sur des œufs, mais j’ai vite découvert qu’il n’y avait pas de tabou. Au contraire, certaines m’ont recommandé de ne pas mettre des prix aussi bas afin de ne pas desservir tout le milieu et de créer de la concurrence déloyale. Par ailleurs, j’ai aussi appris au fil du temps que nos tarifs nous positionnent sur le marché. Même si on ne se sent pas légitime au début, mettre des prix bas reflète le service que l’on propose, les prestataires avec qui on travaille etc. Ce n’est pas anodin !
Cette étude de marché de terrain m’a apporté bien plus que l’étude théorique ne l’a fait. J’ai appris tellement de choses en discutant et ça ne coûte qu’un peu de temps et du café ! Grâce à mes rencontres, j’ai également créé un réseau très précieux. La concurrence n’apporte rien de bon, ça ne vaut pas le coup. Aujourd’hui on se retrouve pour coworker, on se renvoie des clients, l’entraide entre nous est très présente. Parfois, on échange sur nos expériences et ça permet de décharger. Cet échange avec des personnes qui vivent la même réalité, c’est très riche.
Comment as-tu démarré ?
Une fois trouvé mon nom, tout s’est vite mis en place. J’ai commencé par la partie communication car c’est ce dans quoi j’étais la plus à l’aise. J’ai lancé ma page Instagram avant toute chose. J’ai sauté le pas assez vite avec un premier mariage... dont je suis sortie en pleurs, en me disant que j’avais tout fait de travers. Finalement, après m’être autoflagellée tout un week-end, j’ai compris que les mariés avaient été ravis de ma prestation.
Souvent on se fait un film, on voit tout ce qui n’a pas été et on ne profite donc pas des retours positifs qui nous sont faits. Mon syndrome de l’imposteur était très présent à l’époque (et ne m’a toujours pas totalement quittée). Cela n’a pas été simple de me sentir légitime. Aujourd’hui, je me dis que c’est un atout car cela me permet de ne jamais me reposer sur mes acquis et de toujours chercher à m’améliorer. Je suis maintenant prête à demander un retour critique sur mes prestations. Je n’ai pas cherché à avoir un débriefing client dès le départ car je préférais ne pas tendre le bâton pour me faire battre, d’autant que je le faisais déjà bien toute seule. Mais cette partie feedback est nécessaire. Il faut juste le faire au bon moment.

Pourquoi l’éco-responsabilité ? Est-ce limitant au quotidien ?
Je ne me voyais pas ne pas avoir ces valeurs-là dans mon projet. C’est une attention que je porte dans ma vie personnelle, c’est donc parti de moi, de qui je suis dans la vie. Pour moi, cela tombe sous le sens mais c’est pourtant ma différenciation. Je ne le vois pas comme une limite, mais comme une plus-value qui m’apporte les clients que j’ai envie d’avoir. Ces derniers sont parfois surpris par certaines choses, mais on en parle et on trouve des compromis. L’écoresponsabilité a aussi un prix. Aujourd’hui, les personnes qui viennent vers moi sont prêtes à payer un peu plus pour avoir un mariage qui répondent à certains critères de durabilité.
Connais-tu tes limites ? Sais-tu jusqu’où tu ne voudrais pas aller ?
Mon ancien job m’a beaucoup appris à ce niveau-là. C’était très prenant et cela m’a épuisée. Depuis lors, je connais mieux mes limites. Je ne ressens plus la même pression. Trouver du sens dans ce que je fais, ne pas devoir rendre des compte à quelqu’un d’autre... cela me permet d’être plus responsable. C’est une liberté folle d’avoir une flexibilité dans mon emploi du temps. Je prévois par exemple des jours off après les mariages, et je prends des congés lorsque la saison se calme.
Quels sont tes canaux de communication ?
Je suis assez active sur Instagram. Je suis également bien référencée sur Google ce qui m’amène de nombreux clients pour la partie officiante. Le bouche à oreille fonctionne également, surtout grâce à mon réseau de prestataires (photographe, traiteur, etc.). J’ai dû cravacher pour créer ce réseau. J’en ai rencontré énormément avant de me lancer. J’ai pris le temps de les connaitre, de comprendre comment ils travaillent, d’apprendre de leur expérience. Cette approche a été très appréciée et cela m’a permis de créer des relations fortes.
Comment as-tu pu définir ton public cible ?
Comme j’organise des mariages écoresponsables, mes clients cibles sont donc ceux pour qui l’écoresponsabilité a un réel intérêt.
Au début, j’étais partie du principe qu’un client est un client et j’ai accepté de travailler avec tout le monde. Il fallait bien commencer par quelque part. Aujourd’hui, mes clients sont de plus en plus dans ma cible. Mes envies et mes limites s’affinent. J’avais bien conscience de la nécessité de cibler, mais ce n’est pas chose aisée au départ car on ne veut se fermer aucune porte. Or, c’est tout à fait le contraire.
Aujourd’hui, lors de la première rencontre avec les futurs mariés, je leur fais part de cet aspect écoresponsable et je suis par ailleurs de plus en plus claire dans ma communication en amont. Cela a donc pour conséquence que les gens arrivent pour mes valeurs, ce qui facilite grandement la suite : le taux de conversion est plus grand et les échanges plus fluides.

Comment s’est passé le passage de ton ancienne vie à celle d’entrepreneuse ?
J’ai mis du temps à parler d’Agape. Passer de mon rêve de journaliste, dans lequel j’avais investi beaucoup de temps et d’énergie, à mon projet a été très compliqué car je devais assumer tout haut que finalement cela ne me convenait pas. J’avais un peu honte de mon idée d’entreprise. Mais ce qui m’a nourri, ce sont les retours des clients et le réseau que j’ai créé. Assumer ce choix a été très difficile mais aujourd’hui je suis alignée avec moi-même et je suis fière de ce que je fais au quotidien. Je suis tellement plus épanouie aujourd’hui qu’avant. Physiquement parlant, j’ai changé et on me le confirme régulièrement.
A quoi ressemble ton day to day d’entrepreneuse ?
En tant que cheffe d'entreprise, je dois gérer tous les aspects du business, même ceux que je n’aime pas, comme les chiffres. J’ai mis en place différentes choses qui me facilitent la tâche : un contrat en béton avec mes clients qui permet de ne laisser aucune zone d’ombre, ainsi qu'un système d'acomptes. Car une fois que les mariés partent en lune de miel, il est difficile de courir après eux pour leur parler d’argent ! Je réfléchis également à où mettre mon énergie en termes de communication : je connais mon taux de conversion depuis mes différents canaux de communication et ceux à privilégier. J’organise systématiquement des débriefings avec les prestataires afin de fluidifier nos échanges et de viser toujours plus de qualité. J’ai de nombreux projets en tête, mais j’essaye de faire les choses petit à petit. Désormais, déléguer semble nécessaire pour continuer à avancer mais ce choix nécessite de prendre le temps de la réflexion et de mettre en place de nombreuses choses pour que cela se passe au mieux. Être entrepreneuse, c’est accepter de phaser pour faire des choix éclairés.
Un conseil pour des futures entrepreneuses ?
Toute visibilité est bonne à prendre. Pour ce genre de chose, il faut trouver le temps. Mais en conscience (pas à côté de n’importe quel article par exemple). Même avec un manque de légitimité, il faut oser montrer sa tête !
Par ailleurs, sachez que tout ce que vous avez en tête va évoluer au fil du temps. Tous les choix que vous faites aujourd’hui ne sont pas des choix arrêtés. Les choses vont se construire. Soyez bienveillante avec vous-même, faites-vous confiance. Vos choix sont les bons. Persévérez. Ça a l’air d’être une montagne, mais avec de la volonté vous arriverez à la gravir. Mais pour cela, il faut pousser des portes : parlez de votre projet à d’autres et faites-vous accompagner.
" Ce que vous pouvez me souhaiter pour les années à venir ? Garder cette motivation et cette joie au quotidien. Le lundi matin, c’est trop cool !"