Retour à l'essentiel
Lors du premier confinement de 2020, seuls les magasins de première nécessité pouvaient accueillir des clients. Radis&Compagnie (Mont-Saint-Guibert), ouvert en pleine pandémie, propose bien plus que ça : de la qualité, de la proximité et un projet de société.
« Quand j’étais enceinte de mon fils, raconte Edith de Broux, j’avais des nausées dès que j’entrais dans une grande surface. Je pensais que c’était la grossesse. Mais ça ne m’a plus quittée. » Cette nourriture dont on ne sait plus d’où elle vient, qui l’a produite et dans quelles conditions ne pouvait plus entrer dans ses placards. Edith retrouve le chemin des petits commerces. Et réalise que dans le village de Mont-Saint-Guibert, il y a une place à prendre.
Avec une amie d’enfance, Coraline Limet, elles rêvent d’un magasin qui vendrait tous types de produits (alimentation, entretien, cosmétique…) mais qui, surtout, poserait les bonnes questions : L’artisan ou le maraîcher ont-ils été payés décemment ? Y a-t-il une offre locale à mettre en valeur ? La qualité est-elle au rendez-vous ?

Actives jusque-là dans le social, les deux associées se font accompagner par crédal.
« Au début, raconte Edith, on a eu l’impression d’être face à une montagne. » Avec ses chemins tortueux de finances, compta et gestion, ses avalanches de démarches, ce chemin interminable – mais tellement beau – pour se construire un réseau de partenaires maraîchers ou artisans. « On l’a franchie pas à pas. Sans crédal, on ne serait jamais allées jusqu’au bout. »
Pour les deux entrepreneuses, cet accompagnement n’est pas non plus un tapis de mousse. « Leur rôle n’est pas de nous materner ou de nous couver mais, au contraire, de nous pousser dans nos limites. » Grâce à ces secousses, Edith et Coraline bétonnent leur projet et gagnent en confiance. A tel point qu’un confinement survient et qu’elles décident de se lancer quand même.
Radis&Compagnie ouvre en effet ses portes en avril 2020 – « en plein dedans ! » – malgré des difficultés d’approvisionnement ou la fermeture de certains services (raccordement électrique, internet, etc). Les associées refusent toute formule, comme le « click&collect », qui dénaturerait l’esprit de leur magasin et enverrait « un mauvais signal aux clients ». Le lieu se veut convivial et familial. Il ouvre « comme si de rien n’était », mais dans le respect des règles d’hygiène.
Et la clientèle suit.
Au départ, des curieux, des télétravailleurs en mal de sorties ; puis, peu à peu, des fidèles. Le confinement a-t-il joué un rôle positif, en rappelant à la population l’intérêt des petits commerces de qualité ? « On n’en sait rien », admet Edith. « On est né dedans, on n’a pas vu l’avant. Mais on a senti une immense solidarité de la part des clients. »
Un an plus tard, les commerçantes tirent un premier bilan positif. Elles admettent volontiers avoir fait « toutes les bêtises possibles pour ne plus les refaire ensuite » et, une fois « le nez dans la soupe », trouvé du sens à tout ce qu’elles avaient appris pendant leur accompagnement.
Radis&Compagnie, constitué en coopérative, rêve aujourd’hui d’évoluer vers un projet plus participatif.
« On veut créer un noyau hyperpositif d’énergies, conclut Edith. Que plein d’initiatives émergent de cette épicerie. »
Céline Gautier
