Paroles de coopérateur : Pierre Manil
Agir localement, penser globalement. C’est la devise de Pierre Manil, coopérateur depuis une quinzaine d’années. Zoom sur son parcours engagé.
Quand on vous dit « solidarité », vous pensez…
À la solidarité entre petits groupes, mais aussi à la solidarité sociétale, l’écologie et la citoyenneté. Pour moi, tout cela est indissociable.
Peut-on dire que la solidarité est une valeur qui a marqué votre vie ?
Au cours de ma carrière de psychologue et de chercheur, j’ai étudié les paramètres sur lesquels repose la solidarité des équipes professionnelles affectées au soin à autrui. A côté de cela, en 1994, j’ai fondé l’ASBL Handicap et Participation, où travaillent des personnes en situation de handicap. De là est née la Ressourcerie Namuroise, une coopérative à finalité sociale. J’ai aussi collaboré à la création de la coopérative de producteurs et de consommateurs Paysans Artisans.
Quelles sont les missions de ces organismes ?
La première mission des personnes handicapées, au sein de Handicap et Participation, a été le tri de plastiques en collaboration avec la ville de Namur. Mais leurs activités se sont vite diversifiées dans une optique écologique et favorable à la biodiversité. Quant à la Ressourcerie Namuroise, elle collecte gratuitement les encombrants et les réutilise : l’impact est économique, écologique et social. Ces deux structures ont favorisé l’inclusion d’une centaine de personnes concernées par le handicap et de travailleurs sous contrat article 60.

La solidarité a-t-elle aussi guidé votre vie personnelle ?
Oui ! Pendant 11 ans, j’ai été président du comité de quartier de Buzet (Floreffe), dont les bénéfices étaient reversés à des activités créatrices de lien social. J’y ai mis en place un monument aux vivants, renforçant le sentiment de communauté. J’ai aussi fondé la Maison des Enfants : une école villageoise basée sur l’Education Nouvelle. Et bien sûr, avec mon épouse, nous avons fait construire une maison écologique !
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir coopérateur ?
J’ai découvert Crédal avec Handicap et Participation : nous avions sollicité un crédit et nous partagions les valeurs de la coopérative. Déjà à l’époque, j’appréciais le coup de pouce que Crédal pouvait donner aux initiatives naissantes qui n’avaient pas l’appui du système bancaire. Désormais, je suis fier d’être coopérateur : mon argent soutient d’autres projets, avec un dividende symbolique.
Si vous deviez passer un message aux générations futures, que leur diriez-vous ?
Ce que je redoute le plus, c’est le désintéressement envers le monde politique et économique. Je pense qu’il ne faut pas le fuir, mais s’y confronter. De nos jours, il existe de nombreuses initiatives formidables. Malheureusement, je crains que s’indigner et agir contre les injustices ne suffise pas. Une fédéralisation de tous ces dispositifs est nécessaire pour éviter l’entre soi. Nous devons nous mobiliser collectivement, créer des réseaux, faire système. Et Crédal peut jouer ce rôle fédérateur.