Le logement, marqueur social des inégalités de genre
Angela.D est à la fois un acronyme (Association Novatrice pour Gérer Ensemble le Logement et Agir Durablement) et un hommage à l’activiste féministe et antiraciste Angela Davis. Rencontre avec Laura Gimenez, chargée de projet au sein de l’asbl bruxelloise.
Déménager plus de 20 fois en 17 ans ? C’est ce qu’a été contrainte de faire Emilie (prénom d’emprunt), mère célibataire à Bruxelles. De quoi se poser la question : notre politique d’accès au logement est-elle équitable ? Pour Laura Gimenez, la réponse est non. "Cette situation est fréquente chez les mamans solos, mais beaucoup moins chez les pères célibataires", explique-t-elle. "Elle témoigne du fait qu’être une femme constitue une discrimination à part entière en matière d’accès au logement, au même titre que l’origine ethnique, la religion, l’âge ou le handicap."
Cette discrimination revêt différentes formes : refus des propriétaires de louer à des femmes seules, surveillance des locataires féminines, frilosité des banques à accorder des crédits immobiliers aux femmes… Elle s’accentue aussi par plusieurs facteurs économiques qui peuvent placer les femmes dans une situation de précarité (écart salarial et de pension, prévalence du travail à temps partiel…). "Mais celles qui souffrent le plus de la pénurie de logements adaptés, salubres et abordables dans la capitale sont celles qui cumulent plusieurs facteurs de discrimination, comme les femmes racisées ou retraitées", ajoute Laura.

Le saviez-vous ? Les appartements mis à disposition par Angela.D sont situés dans le projet CALICO (« CAre and LIving in COmmunity »), un immeuble en cohabitation offrant une mixité générationnelle et sociale dans le cadre d’un terrain géré en bien commun (« Community Land Trust »). Ce projet dépasse la question du genre en intégrant aussi l’accueil de la naissance à la mourance, le « care » et l’accès au logement au sens large. Il est porté par la coopérative Fair Ground Brussels, co-créée par Crédal et 14 autres acteurs de terrain. Il a été cofinancé par Crédal.
C’est auprès d’elles qu’Angela.D est particulièrement active. Créée en 2018, l’association s’est donné pour mission de rendre notre politique d’accès au logement plus équitable. Elle met à disposition des femmes bruxelloises en situation de précarité 10 logements dans un habitat groupé, et projette de créer un habitat collectif pour 5 à 8 familles monoparentales. L’avantage de l’habitat groupé ? La mutualisation des ressources et le réseau de solidarité qui se crée entre les femmes. L’ASBL mène également des actions de sensibilisation aux questions d’égalité homme-femme en matière de logement, à l’échelle de la ville de Bruxelles.
Pour démarrer ses activités, Angela.D avait besoin de fonds. "Grâce au crédit de trésorerie octroyé par Crédal, nous avons pu avoir une avance sur les subsides qui financent notre fonctionnement", explique Laura. Chez Crédal, cette décision s’inscrit pleinement dans notre volonté de contribuer à une société plus inclusive. Du côté d’Angela.D, c’est aussi l’idée de coopérer avec un financeur aligné en termes de valeurs qui a primé. "Avec cette vision commune, nous savions que nous aurions une meilleure qualité d’écoute et davantage de soutien que dans les banques", ajoute Laura. De quoi avancer ensemble vers le droit à un logement décent pour toutes et tous, inscrit dans notre Constitution belge.
