De l’or dans les mains
Tatiana a toujours été intriguée par l’utilisation des déchets. « Dès l’enfance, j’étais fascinée par les trésors que l’on pouvait trouver au parc à container », avoue-t-elle. « Cela m’a toujours choquée de voir tout ce que les gens pouvaient jeter, alors que ces matières étaient encore utilisables ! »
En 2021, elle saute le pas et lance son affaire : Rawète. Un espace entièrement dédié au réemploi, à l’upcycling (revalorisation des matériaux) et au « Do It Yourself », à Court-Saint-Etienne. Dans l’ancienne gare, des ateliers bois et textile, équipés de toutes les machines nécessaires, accueillent celles et ceux qui souhaitent créer en autonomie. Des séances d’initiation aux machines, des workshops, des stages et de l’accompagnement de projets à prix abordables sont aussi proposés ; ainsi qu’une matériauthèque comprenant une sélection de matériaux dédiés au réemploi.
Pour créer ce projet, Tatiana s’est laissée guider par ses valeurs d’écologie, de consommation responsable… et sa passion. Bricoler et travailler le bois ? Elle l’avoue, ce n’est pas forcément ce qui est attendu de la gent féminine. « Mais c’est quelque chose que je voulais revendiquer avec Rawète. Et je constate que le projet répond à une envie des femmes de pouvoir faire des choses de leurs mains, sans dépendre de l’aide de quelqu’un. » En effet, le public adulte est à 90% féminin, débutant et intermédiaire. Quant aux stages pour enfants, ils réunissent des filles et des garçons, qui vont autant vers la couture que le bois, sans se poser la question des stéréotypes de genre.

« Rawette » : nom féminin, emprunté au wallon, signifiant « petit rajout ». Ce petit truc en plus, c’est la seconde vie octroyée aux matériaux grâce au projet de Tatiana Vanhelmont.
La clé du succès ? Un couple très égalitaire en termes de répartition des tâches, qui permet à Tatiana de concilier facilement ses activités liées au projet Rawète, ses autres activités artistiques et sa casquette de maman. Mais aussi, un coup de pouce de Crédal. Tatiana s’est fait coacher par notre structure d’accompagnement à l’auto-création d’emploi. « De Crédal, je retiens trois choses : la proximité, la disponibilité et surtout la compréhension de la réalité de terrain. Les formations étaient très concrètes et les fonds nécessaires se sont vite débloqués », explique-t-elle. En effet, Tatiana a aussi bénéficié d’un microcrédit pour acheter son matériel professionnel et aménager ses locaux. Une petite rawette qui a fait toute la différence : « je suis très reconnaissante car sans cela, je n’y serais pas arrivée ».

« Pendant les 10 premières années de ma vie de couple, ma posture a été de demander à mon mari de réaliser en bois les créations que j’avais imaginées. J’ai ensuite pris conscience que je pouvais apprendre à faire moi-même certaines choses, sans avoir besoin d’être experte en la matière. J’ai demandé qu’on m’explique comment faire, qu’on me guide, et maintenant, c’est ce savoir que je veux transmettre à mon tour. »